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  • Photo du rédacteurBellon

Variant B.1.1.7

Dernière mise à jour : 17 juin 2021




Mutation (virologie): Pour se répandre, un virus doit pénétrer dans les cellules de l’hôte, puis fabriquer des copies de lui-même, et lors ce processus de réplication, des erreurs surviennent. Ce sont ces changements (erreurs de transcription) dans le code génétique du virus qu’on appelle des mutations. Il arrive qu’une mutation confère au virus mutant un avantage, en augmentant par exemple sa contagiosité ou en lui conférant une résistance aux vaccins.


Variant B.1.1.7 (ou « variant anglais »): Ce variant a été décelé au Royaume-Uni vers le mois de septembre 2020 et est devenu en quelques mois la souche virale dominante à travers l’Europe. Il est associé à une contagiosité plus élevée mais demeure sensible aux vaccins présentement utilisés au Québec.


***


Zone COVID, mercredi 24 février 2021


En passant devant le poste des infirmières, je remarque une grande agitation.


« Qu’est-ce qui se passe?

- La Santé publique vient d’appeler pour nous aviser que le patient de la chambre 12 est porteur d’un variant très contagieux », me répond l’Infirmière, avec un mélange d’inquiétude et de surexcitation dans la voix.


Plusieurs infirmières et préposées sont regroupées autour d’elle et surveillent ma réaction. Même Cissé, le préposé à l’entretien ménager d’origine africaine, au courant de tout, et qui se tient un peu en retrait avec son chariot, ses chiffons et sa serpillière, écoute la conversation.


« Pourquoi nous dire ça? Qu’est-ce que ça change pour nous? (Ce n’est pas une question que l’Infirmière me lance, mais plutôt un soliloque.)

- Même avec les N-95, les filles ont peur, c’est vrai qu’il tousse beaucoup et lorsqu’il parle au téléphone, elles doivent lui tenir le combiné sur l’oreille », rajoute-t-elle.



Notre premier patient officiellement porteur d’un variant est atteint d’une maladie neuromusculaire dégénérative. Il se déplace en fauteuil roulant motorisé. C’est un homme de 42 ans, grand et costaud, les cheveux très foncés, le regard à la fois intelligent et apeuré. Il a besoin d’aide pour manger, pour s’habiller et pour ses transferts du lit à son fauteuil.


À ce moment précis, on l’entend tousser jusqu’au poste... puis lancer une longue plainte.


L’Infirmière et moi, nous nous dirigeons rapidement vers la chambre. Kathleen, une préposée de nature exubérante, est déjà sur place et tient le cellulaire du patient dans sa main. Elle semble prise au dépourvu devant cet homme en état de panique, assis dans son fauteuil roulant et qui reçoit de l’oxygène à l’aide d’une canule nasale dont l’extrémité est branchée au mur.


La Santé publique vient de le contacter lui aussi par téléphone pour l’enquête épidémiologique et de lui annoncer la nouvelle. Le mot variant fait peur. Déjà si vulnérable, le patient s’imagine que d’être infecté par un virus mutant, c’est l’équivalent d’une sentence de mort - il pleure, il s’étouffe, tousse, tousse et tousse, sans possibilité de détourner la tête ou de mettre le coude devant sa bouche. Son corps en entier est secoué par des quintes de toux, et nous restons à le regarder, les bras ballants, tout en gardant nos distances.



Puis Kathleen s’approche, lui offre un verre d’eau et l’aide à boire. Je la regarde poser

ce geste et ressens de la fierté de faire partie d’une équipe de gens formidables.


***


Zone COVID, lundi 8 mars 2021


Moins de deux semaines plus tard, je suis de retour comme médecin à l’unité d’hospitalisation COVID. L’Infirmière me remet la liste des patients et je remarque, inquiète, que le nom de l’homme au variant n’y figure pas. J’apprends avec soulagement que l’évolution a été favorable et qu’il a obtenu son congé de l’hôpital.


En prenant connaissance des dossiers, je constate que trois patients sur douze sont porteurs du « variant anglais ». La Santé publique ne prend déjà plus la peine de nous aviser. Tous les tests de dépistage positifs sont criblés et il suffit maintenant de regarder à l’ordinateur au bas du résultat pour savoir s’il s’agit d’un variant ou de la souche virale initiale.


***


Zone COVID, semaine du 17 mai 2021


A la mi-mai, les quatorze patients que j’aurai à ma charge pendant la semaine testeront positifs pour le variant B.1.1.7, bien qu’à Montréal, nous ayons résisté à la troisième vague et que le nombre total d’hospitalisations soit nettement à la baisse.



Il est absolument fascinant d’avoir pu constater en temps réel sur le terrain comment ce virus mieux adapté a réussi à supplanter complètement la souche sauvage d’origine, et ce, sur une dizaine de semaines seulement...


Et inquiétant...


L’ironie, c’est qu’au Royaume Uni, le variant B.1.1.7 (variant alpha ou « variant anglais ») est, depuis peu, dominé par le variant B.1.617.2 (variant delta ou « variant indien »), encore mieux adapté, plus contagieux et partiellement résistant à la vaccination. Plus près de nous, le variant delta représente maintenant vingt-cinq pour cent des nouveaux cas en Ontario…



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